2025-04-08

4 croyances qui freinent les projets de connectivité machine

4 idées reçues qui freinent les projets de connectivité machine : En bref

La connectivité machine représente aujourd'hui l'un des leviers les plus puissants pour améliorer la performance des usines manufacturières. Pourtant, de nombreuses entreprises tardent à se lancer dans cette transformation, freinées par des idées reçues profondément ancrées. Dans cet article, nous analysons quatre croyances qui empêchent les industriels de tirer parti de la puissance de la connectivité machine industrielle et des données de production en temps réel, et pourquoi ces obstacles mentaux sont en réalité infondés. Que vous soyez une PME avec des équipements vieillissants ou une entreprise spécialisée dans la production unitaire, vous découvrirez pourquoi la connectivité machine est plus accessible et pertinente que vous ne le pensez.

Croyance n°1 : "La production unitaire n'est pas compatible avec la connectivité machine"

Vous avez probablement déjà entendu cette objection: "La connectivité machine, c'est génial pour les autres, mais chez nous, c'est différent. Nous fabriquons des pièces uniques, jamais deux fois la même. Donc mesurer le temps par pièce n'a pas de sens puisqu'on ne reproduira plus cette référence."

Cette croyance est non seulement fausse, mais elle vous prive d'un levier d'optimisation majeur. En réalité, la majorité des entreprises manufacturières travaillent en production unitaire ou en petites séries, et elles réussissent parfaitement leur transformation numérique.

Pourquoi cette croyance est fausse

Ce qu'il faut comprendre, c'est que dans un projet de connectivité machine, ce n'est pas la performance de la pièce ou de la commande que l'on mesure, mais bien la performance de la machine elle-même. La question fondamentale reste la même, quel que soit votre mode de production: une usine fait de l'argent quand ses machines produisent, et en perd quand elles sont à l'arrêt.

Le TRS (Taux de Rendement Synthétique) ou TRG (Taux de Rendement Global) permet de mesurer trois dimensions cruciales:

  • Le temps de fonctionnement de la machine (disponibilité)
  • Sa vitesse de production (performance)
  • La qualité des pièces produites (qualité)

Que vous produisiez une pièce unique ou une série de mille exemplaires identiques, l'objectif reste de maximiser le temps de fonctionnement de vos équipements. Une machine qui reste à l'arrêt est une ressource inexploitée, quel que soit le volume de production. La collecte de données machines-outils vous permet d'identifier précisément où se trouvent vos pertes de productivité.

Les entreprises qui en bénéficient le plus

Contrairement aux idées reçues, ce sont souvent les entreprises qui fonctionnent par cellules, avec des machines individuelles et des tâches manuelles, qui tirent le plus grand bénéfice de la connectivité machine. Précisément parce que leurs équipements sont fréquemment à l'arrêt, elles ont un potentiel d'amélioration considérable.

Les données récoltées permettent d'identifier précisément les causes de non-productivité: attente de matière, réglages trop longs, micro-arrêts répétitifs... Autant de problèmes qui, une fois visibles, peuvent être méthodiquement éliminés.

Application pratique pour la production à l'unité

Dans une production unitaire, la connectivité machine révèle sa véritable valeur en permettant d'optimiser les processus transversaux plutôt que les références individuelles. Par exemple, en analysant votre TRS en temps réel sur plusieurs mois, vous pourriez découvrir que 30% du temps est perdu en réglages entre chaque pièce. Cette information précieuse vous oriente vers des solutions comme la standardisation des montages d'usinage ou l'optimisation des programmes.

De même, la connectivité peut révéler que certaines familles de pièces, bien que différentes, partagent des caractéristiques communes dans leur comportement de production. Ces patterns, invisibles sans données structurées, peuvent conduire à des améliorations substantielles de l'efficacité globale, même dans un contexte de production hautement personnalisée.

Croyance n°2 : "Mes machines sont trop vielles pour être connectées"

"Nos équipements ont plus de vingt ans, ils ne sont pas compatibles avec l'industrie 4.0." Voilà une autre objection fréquente.

L'âge d'une machine n'impacte pratiquement pas sa capacité à être connectée. Comme on aime le dire chez Intelligence Industrielle: "Si votre machine a de l'électricité, nous sommes capables de la connecter."

Les différentes méthodes de connectivité

Il existe plusieurs approches pour collecter les données d'une machine:

  1. Protocoles de communication standards: Certaines machines récentes disposent effectivement de protocoles intégrés (Modbus, OPC UA, MT Connect, etc.). Mais attention, même parmi les équipements neufs, tous n'en sont pas pourvus.
  2. Captation des signaux électriques: Pour l'immense majorité des machines, la méthode la plus efficace consiste à capter directement les signaux électriques dans le panneau de commande. Cette technique fonctionne que votre machine ait 5, 20 ou même 40 ans.

Vous vous demandez peut-être comment une machine datant des années 1980 peut s'intégrer dans votre transformation numérique industrielle. La réponse est simple: toute machine électrique génère des signaux qui peuvent être interprétés. Le contrôleur qui indique qu'une machine est en cycle, à l'arrêt ou en alarme existe depuis que les machines ont des commandes électriques. Ces signaux sont la matière première de la connectivité.

Compatibilité universelle des équipements industriels

La difficulté technique est généralement surestimée. Dans la plupart des cas, la connexion est réalisée en quelques heures, sans perturber la production, et sur des machines de toutes générations et de tous fabricants. L'âge moyen des équipements connectés dans l'industrie dépasse souvent 15 ans, ce qui prouve que la vétusté supposée n'est pas un obstacle réel.

Les boîtiers de collecte modernes sont conçus pour s'adapter à tout type d'infrastructure électrique, des commandes numériques les plus récentes aux relais électromécaniques plus anciens. Cette flexibilité permet une intégration harmonieuse sans nécessiter de modifications majeures sur les équipements existants. Ainsi, même une fraiseuse conventionnelle des années 70 peut fournir des données précieuses sur son taux d'utilisation, ses cycles de production et ses périodes d'arrêt.

Croyance n°3 : "Les projets de connectivité sont complexes et interminables"

Si vous avez déjà vécu l'implémentation d'un ERP, vous avez probablement gardé un souvenir douloureux de ces projets informatiques qui s'éternisent. Ce qui devait prendre six mois s'étale sur plusieurs années, le budget initial est multiplié par trois ou quatre, et les tensions avec l'intégrateur ne cessent de croître.

Cette expérience traumatisante conduit de nombreux industriels à redouter tout nouveau projet numérique. Pourtant, la connectivité machine n'a rien à voir avec ces monstres organisationnels.

Un projet rapide aux frontières bien définies

Un projet de connectivité machine type se déroule généralement en 5 semaines, avec des étapes clairement définies:

  • Étude préliminaire et choix des machines à connecter
  • Installation du matériel de collecte
  • Configuration du logiciel
  • Formation des utilisateurs
  • Accompagnement initial et ajustements

Ces projets sont conçus comme des "quick-wins" avec un retour sur investissement rapide et mesurable. Ils demandent très peu d'implication des équipes internes, à l'exception des électriciens lors de l'installation, et des utilisateurs finaux pour une formation de quelques heures.

Une solution clé en main

Les fournisseurs spécialisés dans la connectivité machine proposent généralement des solutions complètes:

  • Matériel de collecte préconfigurée
  • Logiciel d'analyse prêt à l'emploi
  • Tableaux de bord standardisés mais adaptables
  • Formation et accompagnement

Contrairement aux ERP qui nécessitent une refonte profonde des processus de l'entreprise, la connectivité machine s'adapte à votre organisation existante. Elle vient simplement ajouter une couche de visibilité sur votre production, sans bouleverser vos méthodes de travail.

Bénéfices concrets mesurables à court terme

L'un des aspects les plus satisfaisants des projets de connectivité machine est la rapidité avec laquelle les premiers résultats apparaissent. Dès les premières semaines, vous commencez à disposer de données objectives sur votre production, ce qui permet d'identifier immédiatement des opportunités d'amélioration.

Les clients qui implémentent des solutions de connectivité machine constatent généralement:

  • Une augmentation moyenne du TRS de 15% dans les six premiers mois
  • Une réduction des arrêts non planifiés de 25% grâce à une meilleure réactivité
  • Une diminution des temps de changement de série de 30% par l'identification des meilleures pratiques
  • Une amélioration de la qualité de production par la détection précoce des dérives

Ces bénéfices se traduisent directement en gains financiers mesurables. Pour une entreprise québécoise moyenne, chaque point de TRS gagné représente généralement entre 15 000 et 70 000 dollars canadiens d'économies annuelles par machine, rendant le retour sur investissement particulièrement rapide, souvent en moins de trois mois.

Croyance n°4 : "Nous ne sommes pas assez avancés pour passer à l'industrie 4.0"

"Nous n'en sommes même pas au 3.0, alors le 4.0..."

Cette réponse révèle souvent d'une incompréhension de ce qu'est réellement la transformation numérique en industrie. Certaines personnes pensent qu'il existe un parcours linéaire obligatoire, avec des étapes successives à franchir. Industrie 2.0, puis 3.0, puis 4.0 et qu'on ne peut pas passer à la version suivante sans être obligatoirement passé par la précédente.

Aucun prérequis nécessaire

Pour démarrer un projet de connectivité machine, vous n'avez besoin:

  • Ni d'un ERP parfaitement déployé
  • Ni de machines ultramodernes
  • Ni d'une automatisation poussée
  • Ni d'une équipe déjà rompue au numérique

La confusion vient souvent de l'amalgame entre industrie 3.0 (l'automatisation) et industrie 4.0 (la numérisation). Ce sont deux dimensions différentes qui peuvent être développées indépendamment l'une de l'autre.

Une entreprise peut parfaitement commencer à collecter des données sur ses équipements manuels. D'ailleurs, c'est souvent dans ces environnements peu automatisés que les gains sont les plus rapides et les plus significatifs.

De "feeling-driven" à "data-driven"

Qu'est-ce qu'une donnée, au fond? C'est simplement une réduction d'incertitude. Actuellement, la plupart des décisions dans les ateliers sont prises "au feeling", basées sur l'expérience et l'intuition des responsables de production.

La connectivité machine permet de passer d'une gestion intuitive à une gestion factuelle. Elle fournit des informations objectives sur ce qui se passe réellement dans l'atelier, permettant de prendre des décisions plus éclairées.

Cette approche devrait être le point de départ de toute démarche d'amélioration, qu'il s'agisse ensuite d'automatiser, de réorganiser ou d'optimiser les processus. Car comment améliorer ce que l'on ne mesure pas?

Comment initier votre projet de connectivité machine

La mise en œuvre d'un projet de connectivité n'est pas aussi complexe qu'on pourrait le croire. Voici les étapes fondamentales pour démarrer efficacement:

  1. Identifiez vos goulots d'étranglement: Commencez par connecter les machines qui limitent votre capacité de production ou qui représentent vos ressources les plus coûteuses. Une analyse de flux simple peut vous aider à les identifier.
  2. Définissez des objectifs clairs: Avant de collecter des données, déterminez ce que vous voulez en faire. Cherchez-vous à améliorer la disponibilité des machines, optimiser les cycles de production, ou réduire les défauts de qualité? Ces objectifs orienteront le type de données à collecter.
  3. Optez pour une approche progressive: Plutôt que de connecter toute l'usine d'un coup, commencez par un îlot de production ou 3-5 machines stratégiques. Cette approche permet de valider rapidement les bénéfices avant d'étendre le déploiement.
  4. Choisissez le bon partenaire: Privilégiez un fournisseur spécialisé dans la connectivité comme Intelligence Industrielle, idéalement avec une expérience dans votre secteur. Vérifiez la simplicité d'utilisation de leur solution et leur capacité à vous accompagner dans la durée.
  5. Impliquez vos équipes dès le début: La réussite d'un projet de transformation numérique dépend largement de l'adhésion des utilisateurs. Incluez les opérateurs et responsables d'atelier dans le processus dès les premières phases pour garantir leur adoption.

La connectivité machine n'est pas une fin en soi, mais un outil puissant d'amélioration continue. Les données ne sont utiles que si elles déclenchent des actions concrètes. Prévoyez donc dès le départ des routines d'analyse et des processus de décision basés sur les informations collectées. C'est cette boucle d'amélioration continue, alimentée par des données objectives en temps réel, qui génère une valeur durable.

Conclusion

Ces quatre idées reçues - l'inadaptation à la production unitaire, l'obsolescence des machines, la complexité des projets et le manque de maturité numérique - freinent considérablement la transformation des usines. Pourtant, elles s'avèrent toutes infondées lorsqu'on les analyse objectivement.

La connectivité machine est accessible à toutes les entreprises manufacturières, quelle que soit leur taille, leur parc machines ou leur niveau de maturité numérique. Elle constitue même souvent le premier pas le plus logique vers l'industrie 4.0, permettant de bâtir les projets suivants sur des données factuelles plutôt que sur des impressions.

Les avantages compétitifs de la connectivité machine sont nombreux et significatifs: augmentation de la productivité, réduction des coûts opérationnels, amélioration de la qualité, et capacité à réagir rapidement aux aléas de production. Dans un environnement économique de plus en plus concurrentiel, ces bénéfices peuvent faire la différence.

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