La connectivité machine représente aujourd'hui l'un des leviers les plus puissants pour améliorer la performance des usines manufacturières. Pourtant, de nombreuses entreprises tardent à se lancer dans cette transformation, freinées par des idées reçues profondément ancrées. Dans cet article, nous analysons quatre croyances qui empêchent les industriels de tirer parti de la puissance de la connectivité machine industrielle et des données de production en temps réel, et pourquoi ces obstacles mentaux sont en réalité infondés. Que vous soyez une PME avec des équipements vieillissants ou une entreprise spécialisée dans la production unitaire, vous découvrirez pourquoi la connectivité machine est plus accessible et pertinente que vous ne le pensez.
Vous avez probablement déjà entendu cette objection: "La connectivité machine, c'est génial pour les autres, mais chez nous, c'est différent. Nous fabriquons des pièces uniques, jamais deux fois la même. Donc mesurer le temps par pièce n'a pas de sens puisqu'on ne reproduira plus cette référence."
Cette croyance est non seulement fausse, mais elle vous prive d'un levier d'optimisation majeur. En réalité, la majorité des entreprises manufacturières travaillent en production unitaire ou en petites séries, et elles réussissent parfaitement leur transformation numérique.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que dans un projet de connectivité machine, ce n'est pas la performance de la pièce ou de la commande que l'on mesure, mais bien la performance de la machine elle-même. La question fondamentale reste la même, quel que soit votre mode de production: une usine fait de l'argent quand ses machines produisent, et en perd quand elles sont à l'arrêt.
Le TRS (Taux de Rendement Synthétique) ou TRG (Taux de Rendement Global) permet de mesurer trois dimensions cruciales:
Que vous produisiez une pièce unique ou une série de mille exemplaires identiques, l'objectif reste de maximiser le temps de fonctionnement de vos équipements. Une machine qui reste à l'arrêt est une ressource inexploitée, quel que soit le volume de production. La collecte de données machines-outils vous permet d'identifier précisément où se trouvent vos pertes de productivité.
Contrairement aux idées reçues, ce sont souvent les entreprises qui fonctionnent par cellules, avec des machines individuelles et des tâches manuelles, qui tirent le plus grand bénéfice de la connectivité machine. Précisément parce que leurs équipements sont fréquemment à l'arrêt, elles ont un potentiel d'amélioration considérable.
Les données récoltées permettent d'identifier précisément les causes de non-productivité: attente de matière, réglages trop longs, micro-arrêts répétitifs... Autant de problèmes qui, une fois visibles, peuvent être méthodiquement éliminés.
Dans une production unitaire, la connectivité machine révèle sa véritable valeur en permettant d'optimiser les processus transversaux plutôt que les références individuelles. Par exemple, en analysant votre TRS en temps réel sur plusieurs mois, vous pourriez découvrir que 30% du temps est perdu en réglages entre chaque pièce. Cette information précieuse vous oriente vers des solutions comme la standardisation des montages d'usinage ou l'optimisation des programmes.
De même, la connectivité peut révéler que certaines familles de pièces, bien que différentes, partagent des caractéristiques communes dans leur comportement de production. Ces patterns, invisibles sans données structurées, peuvent conduire à des améliorations substantielles de l'efficacité globale, même dans un contexte de production hautement personnalisée.
"Nos équipements ont plus de vingt ans, ils ne sont pas compatibles avec l'industrie 4.0." Voilà une autre objection fréquente.
L'âge d'une machine n'impacte pratiquement pas sa capacité à être connectée. Comme on aime le dire chez Intelligence Industrielle: "Si votre machine a de l'électricité, nous sommes capables de la connecter."
Il existe plusieurs approches pour collecter les données d'une machine:
Vous vous demandez peut-être comment une machine datant des années 1980 peut s'intégrer dans votre transformation numérique industrielle. La réponse est simple: toute machine électrique génère des signaux qui peuvent être interprétés. Le contrôleur qui indique qu'une machine est en cycle, à l'arrêt ou en alarme existe depuis que les machines ont des commandes électriques. Ces signaux sont la matière première de la connectivité.
La difficulté technique est généralement surestimée. Dans la plupart des cas, la connexion est réalisée en quelques heures, sans perturber la production, et sur des machines de toutes générations et de tous fabricants. L'âge moyen des équipements connectés dans l'industrie dépasse souvent 15 ans, ce qui prouve que la vétusté supposée n'est pas un obstacle réel.
Les boîtiers de collecte modernes sont conçus pour s'adapter à tout type d'infrastructure électrique, des commandes numériques les plus récentes aux relais électromécaniques plus anciens. Cette flexibilité permet une intégration harmonieuse sans nécessiter de modifications majeures sur les équipements existants. Ainsi, même une fraiseuse conventionnelle des années 70 peut fournir des données précieuses sur son taux d'utilisation, ses cycles de production et ses périodes d'arrêt.
Si vous avez déjà vécu l'implémentation d'un ERP, vous avez probablement gardé un souvenir douloureux de ces projets informatiques qui s'éternisent. Ce qui devait prendre six mois s'étale sur plusieurs années, le budget initial est multiplié par trois ou quatre, et les tensions avec l'intégrateur ne cessent de croître.
Cette expérience traumatisante conduit de nombreux industriels à redouter tout nouveau projet numérique. Pourtant, la connectivité machine n'a rien à voir avec ces monstres organisationnels.
Un projet de connectivité machine type se déroule généralement en 5 semaines, avec des étapes clairement définies:
Ces projets sont conçus comme des "quick-wins" avec un retour sur investissement rapide et mesurable. Ils demandent très peu d'implication des équipes internes, à l'exception des électriciens lors de l'installation, et des utilisateurs finaux pour une formation de quelques heures.
Les fournisseurs spécialisés dans la connectivité machine proposent généralement des solutions complètes:
Contrairement aux ERP qui nécessitent une refonte profonde des processus de l'entreprise, la connectivité machine s'adapte à votre organisation existante. Elle vient simplement ajouter une couche de visibilité sur votre production, sans bouleverser vos méthodes de travail.
L'un des aspects les plus satisfaisants des projets de connectivité machine est la rapidité avec laquelle les premiers résultats apparaissent. Dès les premières semaines, vous commencez à disposer de données objectives sur votre production, ce qui permet d'identifier immédiatement des opportunités d'amélioration.
Les clients qui implémentent des solutions de connectivité machine constatent généralement:
Ces bénéfices se traduisent directement en gains financiers mesurables. Pour une entreprise québécoise moyenne, chaque point de TRS gagné représente généralement entre 15 000 et 70 000 dollars canadiens d'économies annuelles par machine, rendant le retour sur investissement particulièrement rapide, souvent en moins de trois mois.
"Nous n'en sommes même pas au 3.0, alors le 4.0..."
Cette réponse révèle souvent d'une incompréhension de ce qu'est réellement la transformation numérique en industrie. Certaines personnes pensent qu'il existe un parcours linéaire obligatoire, avec des étapes successives à franchir. Industrie 2.0, puis 3.0, puis 4.0 et qu'on ne peut pas passer à la version suivante sans être obligatoirement passé par la précédente.
Pour démarrer un projet de connectivité machine, vous n'avez besoin:
La confusion vient souvent de l'amalgame entre industrie 3.0 (l'automatisation) et industrie 4.0 (la numérisation). Ce sont deux dimensions différentes qui peuvent être développées indépendamment l'une de l'autre.
Une entreprise peut parfaitement commencer à collecter des données sur ses équipements manuels. D'ailleurs, c'est souvent dans ces environnements peu automatisés que les gains sont les plus rapides et les plus significatifs.
Qu'est-ce qu'une donnée, au fond? C'est simplement une réduction d'incertitude. Actuellement, la plupart des décisions dans les ateliers sont prises "au feeling", basées sur l'expérience et l'intuition des responsables de production.
La connectivité machine permet de passer d'une gestion intuitive à une gestion factuelle. Elle fournit des informations objectives sur ce qui se passe réellement dans l'atelier, permettant de prendre des décisions plus éclairées.
Cette approche devrait être le point de départ de toute démarche d'amélioration, qu'il s'agisse ensuite d'automatiser, de réorganiser ou d'optimiser les processus. Car comment améliorer ce que l'on ne mesure pas?
La mise en œuvre d'un projet de connectivité n'est pas aussi complexe qu'on pourrait le croire. Voici les étapes fondamentales pour démarrer efficacement:
La connectivité machine n'est pas une fin en soi, mais un outil puissant d'amélioration continue. Les données ne sont utiles que si elles déclenchent des actions concrètes. Prévoyez donc dès le départ des routines d'analyse et des processus de décision basés sur les informations collectées. C'est cette boucle d'amélioration continue, alimentée par des données objectives en temps réel, qui génère une valeur durable.
Ces quatre idées reçues - l'inadaptation à la production unitaire, l'obsolescence des machines, la complexité des projets et le manque de maturité numérique - freinent considérablement la transformation des usines. Pourtant, elles s'avèrent toutes infondées lorsqu'on les analyse objectivement.
La connectivité machine est accessible à toutes les entreprises manufacturières, quelle que soit leur taille, leur parc machines ou leur niveau de maturité numérique. Elle constitue même souvent le premier pas le plus logique vers l'industrie 4.0, permettant de bâtir les projets suivants sur des données factuelles plutôt que sur des impressions.
Les avantages compétitifs de la connectivité machine sont nombreux et significatifs: augmentation de la productivité, réduction des coûts opérationnels, amélioration de la qualité, et capacité à réagir rapidement aux aléas de production. Dans un environnement économique de plus en plus concurrentiel, ces bénéfices peuvent faire la différence.
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